POKER: jeu, sport ou travail ?

Publié il y a 6 ans par Charlie R. Catégorie : Articles Poker
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Le poker : jeu, sport ou travail ?

Que le poker soit un jeu, cela va de soi...encore faut-il voir ce qui fait de lui un jeu au même titre que le cache-cache par exemple. Mais peut-être avez-vous été comme moi étonné la première fois qu’on vous a dit que le poker était un sport ? Mieux encore… que certains en faisaient leur profession ! Comment un jeu peut-il être un travail ? Comment une activité a priori non physique peut-elle être un sport ? C’est ce que nous allons voir maintenant.

Le poker est LE jeu par excellence

Quand on propose à des amis : « On fait un jeu ? », tout le monde comprend ce que cela signifie. Pas de quiproquo possible, personne ne s’attend à aller à l'Église, faire des courses ou bien repeindre les murs. Mais le jeu recouvre des acceptions très diverses : un jeu vidéo comme Fortnite, un match de foot, les échecs, la roulette ou la marelle sont tous des jeux mais vous n’aurez peut-être pas le même enthousiasme si à la place de votre jeu de cartes préféré, on vous propose des petites voitures ou des mikado (même si parfois, il faut l’avouer, la nostalgie ça a du bon ;).

Qu’ont en commun tous ces jeux pour qu’on puisse les ranger sous la même appellation ? En quoi le poker est-il un jeu au même titre que le bilboquet ou les petits chevaux ?

Le poker est un jeu car il répond à tous les critères qu’on attend d’un jeu, à savoir : la liberté de jouer, des règles, dans un espace et temps propre, et un plaisir ludique (Huizinga Homo Ludens)

- Le jeu est d’abord une activité volontaire mais cette liberté trouve d’emblée sa place au sein de règles : par exemple, la liberté du joueur d’échecs, qui est toujours libre de faire ceci ou cela (roquer ou non, bouger la tour ou le cavalier) dans la forme prescrite par la règle, n’a pas de sens avant la règle elle-même. D’une certaine façon, il faut dire que c’est la règle des échecs qui produit le joueur d’échec comme tel. De même, si le joueur de poker a toujours la liberté de fold, call, raise, mettre all in… ses actions n’ont de sens que dans le cadre de règles préexistantes. Ne pas les accepter fait cesser le jeu immédiatement. Ainsi au poker, c’est le dealer qui déterminera la position des différents joueurs, Il faudra qu’ils se plient à la règle d’attendre leur tour pour parler. Vous ne pouvez pas par exemple miser moins que ce qui a déjà été posé par ceux qui ont parlé avant vous. Le jeu ne fonctionne que grâce à ses règles, on peut dire que les règles existent avant le joueur. C’est d’ailleurs ce qui distingue parmi les sports, ceux qui sont des jeux et ceux qui ne le sont pas. On s’accorde sur le fait que la musculation et le squash soient tous les deux des sports mais seul le dernier est un jeu. En effet, il ne viendra pas à l’idée de dire qu’« on joue à la musculation » alors que l’inverse va de soi. Il en va de même pour la boxe : ce n’est pas tant l’usage de gants qui différencie la boxe du combat de rue mais le fait que le combat va se dérouler selon des règles précises : un ring, un arbitre, nombre de rounds, certains gestes interdits…

Ainsi même s’il y a sport dans les deux cas, il n’y a jeu que lorsque la règle préexiste à l’activité et la rend possible.

- Ces règles définissent un espace et un temps particulier, un monde à part. Ce qui fait du terrain de football plus qu’un simple pré à vaches, c’est que son espace est ordonné par ses limites et les relations (une surface de réparation, des lignes de touche, le terrain adverse, la règle du hors-jeu…). Le poker trouve son sens sur une table réelle ou fictive, l’espace est réglé selon les positions, les joueurs ne peuvent par exemple pas changer de place d’eux-mêmes en cours de partie. Le temps de la partie ou du tournoi a aussi sa propre structure : ouverture ( observation, intimidation), l’augmentation des blindes accélèrent le tempo, la bulle, être Itm, la table finale, le Head’s up final.. tous ces éléments donnent son rythme propre au jeu.

- Ainsi, aux petits indiens, au casino, dans les jeux de rôles, au Go.. il se passe quelque chose qui n’existe nulle part ailleurs : le jeu a cette capacité de nous distraire du temps indifférencié du quotidien, de la monotonie, du temps subi. Cette possibilité offerte par le jeu de s’extraire du monde quotidien où l’on ne choisit pas de suivre les règles, contribue à créer « le plaisir ludique ». Certes, tout jeu est une somme de plaisirs différents, joie de la dépense dans l’un, de l’excitation dans l’autre, de l’activité intellectuelle dans un troisième, mais il y a bien un plaisir spécifique qui donne sa tonalité au jeu, qui fait qu’il ne procure pas le même plaisir que d’autres distractions, et qui tient à cette puissance, ce désir ludique. Tout ce qui accroît la puissance d’agir de notre liberté réglée dans le jeu nous réjouit.

Les jeux de concurrence comme le poker sont des jeux dans lesquels la règle organise un conflit des puissances d’action tel que chaque joueur ne peut prolonger son plaisir et le mener à son paroxysme qu’en éliminant l’autre.

Le poker correspond bien à ce qu’on peut définir comme un jeu (la liberté, la règle, l’espace et le temps et le plaisir ludique). C’est même le jeu par excellence, Le Jeu le plus complet.

Roger Caillois, dans Les Jeux et les hommes, dégage les 4 ingrédients qui permettent de classer les différents groupes de jeux soit l’Agon , c’est-à-dire la compétition qui repose sur une compétence (boxe, billard, golf, échecs…) , l’Aléa qui repose sur le hasard (roulette, pile ou face…), le Simulacre repose sur l’illusion d’être quelqu’un d’autre, « jouer à être » (imitations, poupées, jeux de rôles…) et le Vertige repose sur la puissance d’une sensation liée à une de perte de repère (manège, balançoire…).

Le poker est une activité difficile à classer car le joueur est en compétition avec d’autres joueurs virtuels ou réels, il compte sur la chance accordée par les mécanismes du jeu, il joue un rôle à travers son personnage et enfin il ressent une sensation d’excitation confinant au vertige

1- Le poker est Agon car c’est un jeu d’attaque, de confrontations techniques et psychologiques. Le joueur de poker doit compter sur ses compétences et les erreurs de ses adversaires.

2- Mais il est aussi un jeu de hasard (Alea), le joueur doit jongler avec des probabilités. Qui n’a jamais vu sortir la seule carte qui pouvait sauver son adversaire ? Mais n’est-ce pas ce hasard qui permet de voir l’avantage passer d’un joueur à l’autre et changer de camp plusieurs fois lors d’un même coup de poker ? Le poker c’est du spectacle qui fait littéralement vibrer les joueurs.

3- Cette vibration, ces secousses ressenties quand la turn affiche la carte qui nous permet de faire la quinte, quand après avoir été short stack, limite de bust, on se retrouve en TF… Emotion garantie : le poker c’est sans nul doute le jeu du Vertige . La frustration des perdants est proportionnelle à l’excitation de la victoire sur tous.

4- Pour gagner davantage de coup, il faut savoir battre ses adversaires psychologiquement et gagner le coup avant d’avoir à montrer ses cartes ; c’est se fabriquer un personnage (ça commence par le choix du pseudo, de l’avatar, le trash talk pour certains…), se faire une image à une table pour par exemple créer de la fold equity. C’est faire des reverse tell, donner l’illusion qu’on a rien, qu’on bluff alors qu’on a les nuts… C’est se rendre inexploitable en changeant de range… On est alors également dans le Simulacre.

Mais si le poker est un jeu spécial c’est qu’il possède aussi les qualités du sport.

Le poker est un sport

Quoi le poker, un sport ? Si le sport se réduit à une dépense physique, il paraît difficile de classer ce jeu parmi les sports. Même si le cerveau dépense des calories en grindant, ce ne serait correspondre à la représentation courante de ce que l’opinion se fait d’un sport.

- Toutefois, les jeux d’échecs ont été officiellement considérés comme un sport en 1999 par le Comité International Olympique alors qu’ils n’ont rien de « physiques ». Pour sa part, le Brésil a officiellement reconnu le poker comme un sport, au point que le Ministère des sports l’a intégré en tant que « sport intellectuel ». Le ministère a justifié cette décision en déclarant que « le poker est une discipline compétitive, laquelle exige intelligence, habileté, puis des capacités de raisonnement et de comportement afin d'avoir du succès ».

- Les critères privilégiés dans le sport de haut niveau sont l’efficacité d’une action, la motivation, la concentration, l’endurance mentale et physique, l’analyse de soi et de ses adversaires, caractéristiques qui sont indispensables chez le joueur de poker dès qu’il débute.

- L’esprit de compétition et l’adrénaline qui l’accompagne est évidemment déterminant dans le sport comme dans le poker. Compétition qui rend d’autant plus nécessaire la capacité à se remettre vite en confiance suite à un Tilt. Un bad beat pourrait être comparable à un but sur coup de pied arrêté au foot, ou à un panier au buzzer au basket. Il est impératif pour le sportif comme le joueur de poker de gérer ses émotions afin de continuer à prendre de bonnes décisions et à jouer son meilleur jeu, son meilleur poker.

Le mental du joueur de poker est un mental de sportif et plus ce dernier augmente son niveau, plus il lui faudra le développer. Ce n’est pas inné, il faudra bien se connaitre, augmenter sa vigilance, sa lecture du jeu, sa motivation, sa persévérance et sa gestion du stress. Ce n’est pas pour rien si on retrouve parmi les joueurs de poker d’anciens sportifs confirmés comme Doyle Brunson (baseball), Thomas Brolin, Vikash Dhorasoo, Tony Cascarino (football), Patrick Antonius et Gus Hansen (tennis)...

- Enfin il partage avec les disciplines sportives, des circuits de compétitions hiérarchisées (WSOP, Main Event,EPT, WPT…), ses vedettes médiatisées (Doyle Brunson, Daniel Negreanu, Phil Ivey…), ses clubs d’anonymes, ses médias spécialisés, ses commentateurs...et son jargon !


Le poker est une (La ?) profession  

« -C’est quoi ton métier ? « -Joueur pro de poker » « Mais ce n’est pas un métier !! »

Si le poker est un jeu et un sport, il ne semble pas correspondre, au premier abord, à ce qu’on entend par un travail d’où la difficulté parfois à convaincre et rassurer ses proches quand on se lance dans cette aventure.

Un travail, un métier c’est normalement l’opposé du jeu ! Mais lorsque jouer devient une activité rémunérée et régulière exercée pour gagner sa vie, alors le jeu devient une profession.

Tout comme le fait qu’on parle de plus en plus de e-sport ou sport électronique pour les gamers (hygiène de vie stricte, entraînement régulier) mais aussi de la professionnalisation de ces statuts (sur Twitch par exemple ou dans les nombreuses compétitions organisées à travers le monde), la question se pose également de savoir si un poker peut être un métier.

La notion philosophique de travail est opposée au loisir et au jeu; elle est associée à une activité contraignante, source de tourment ("tripallium" à l'origine un trépied pour ferrer les chevaux et les boeufs, puis un instrument de torture..). Mais si on adopte le sens économique du travail, comme activité régulière et rémunérée et donc susceptible de fiscalisation, alors la question de sa professionnalisation soulève de nombreux enjeux.  

C’est un jeu d’adresse qui demande de vraies compétences qui ne s’acquiert qu’avec le temps et le travail acharné. Comme on dit « 5 minutes pour l’apprendre, une vie pour le maîtriser. » On parle de joueur pro, de Teams Pro, on produit des ouvrages de stratégie, des offres de coaching. Mais ce qui fait obstacle à sa professionnalisation, c’est l’importance du hasard. Car en règle générale, les gains issus des jeux de hasard (loto, jeux de grattage, courses hippiques, casino, etc.)  ne sont pas soumis à l’impôt sur le revenu car les gains reçus sont exceptionnels.

En  novembre 2011, le ministère du budget a déclaré que les personnes vivant du célèbre jeu de cartes sont imposables. Pourtant la législation française sur le poker comporte quelques zones floues. La définition même du jeu n’est pas clairement établie : s’agit-il d’un jeu de hasard ou d’adresse ? Donner une définition précise est essentiel puisque cela permettrait de trancher :

  • Hasard : les gains ne sont pas imposables, au même titre que ceux issus des paris hippiques, des lotos etc…
  • Adresse : les gains sont imposables car découlant d’une activité professionnelle

Quelle fréquence de gains justifie l’appellation d’« activité régulière », à partir de quand l’adresse supplante le hasard ?

Cette ambiguïté a d’ailleurs donné lieu à un procès en 1985 de Billy Baxter qui a saisi la justice américaine afin de reconnaître son activité comme un véritable travail.

Ce qui est certain, c’est que tu peux, en étudiant, en pratiquant et en adoptant une méthode rigoureuse, pratiquer le poker comme un complément de revenu pour arrondir tes fins de mois ou mieux, acquérir une indépendance financière. Et n’est-ce pas ce qui répond au nom de profession ?

Et quand, en plus, on est son propre patron, qu’on peut « jouer » de chez soi on line, ou en live dans les plus grands tournois du monde, n’est-ce pas le plus beau des métiers ? :)

Le poker n’est donc ni un jeu, ni un sport ni un travail : il est les trois ! C’est, je pense, ce qui fait que ce jeu est si passionnant. Je terminerai par une jolie citation d’Aristote qui résume bien la richesse du jeu et de ce jeu de cartes en particulier : « Joue et tu deviendras sérieux ! » .

D’ailleurs si tu veux faire de ce jeu et ce sport, ta profession, je t’invite à découvrir les offres coaching de la plateforme ici.

Bonne chance sur les tables, amuse-toi, sois compétitif et travailleur ! ;)

Ciao

Sources :

https://www.persee.fr/doc/chris_0753-2776_1998_num_58_1_2054

http://www.revue3emillenaire.com/blog/wp-content/uploads/2011/04/Jeux.jpg

https://www.lequipe.fr/Ilosport/Archives/Actualites/Le-poker-est-il-un-sport/743744

https://rmcsport.bfmtv.com/poker/poker-veritable-sport-ou-simple-jeu-de-cartes-108657.html

http://www.joptimiz.com/jeux%20de%20hasard%20poker%20loto%20pmu%20impot.htm

 
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